Cette semaine, après avoir fait les éloges d’une ressortie salle de l’un des plus grand films jamais réalisé, je m’attèle à la sortie d’un autre film, mais cette fois-ci beaucoup moins prestigieux, et ce malgré l’incroyable succès des précédents opus qui composent cette saga. En même temps, que pouvait-on vraiment attendre de Fast and Furious 8, premier opus réalisé par F. Gary Gray, réalisateur de Friday et Straight Outta Compton, entre autre ? Car il faut bien admettre que même si ce genre de film a toujours tendance à titiller la curiosité du cinéphile déviant que l’on peut être par moment, on fini assez fréquemment avec une belle grosse daube.
Il est assez amusant de voir l’évolution qu’a subit la saga initiée par Rob Cohen en 2001. Fast and Furious premier du nom, c’était avant toute chose un grand moment de racolage hilarant, visant à se mettre dans la poche un public californien au quotient intellectuel inférieur à leur température anale en leur balançant à la gueule une intrigue ouvertement inspirée de Point Break. Sauf qu’à la place du style de Kathryn Bigelow, on se retrouvait avec des acteurs en quasi roue libre, une réalisation impersonnelle au possible mais à la caméra presque tout le temps en mouvement, un montage clipesque façon MTV, et surtout des effets spéciaux absolument dégueulasses, qui pourront évoquer les jeux édités par la première Playstation. Mais avant même cela, Fast and Furious, c’est la mise en avant d’un état d’esprit bas du front à base de culte du corps et du pognon, d’une rébellion à peine digne d’un collégien en pleine crise d’adolescence, et surtout d’une misogynie absolument ridicule, même si probablement inconsciente dans la tête de ses instigateurs.
Après des opus de qualité (très) variable, un véritablement changement s’est opéré dans la franchise, le délire « tuning » laissant sa place à des films évoquant presque un mélange entre James Bond et Expendables. En effet, à partir du cinquième opus de la saga, celle-ci s’est avérée clairement moins misogyne, allant même jusqu’à se moquer de cet aspect, pourtant si présent dans les premiers films. Et il faut finalement reconnaitre une très grande qualité à la saga: à partir de ce cinquième opus, la saga s’est clairement améliorée en qualité, au point de nous offrir il y a deux ans un 7ème opus qui s’est imposé comme étant de loin le meilleur. Réalisé par James Wan, réalisateur de Saw, Insidious et Conjuring, le film s’avérait être doté d’une mise en scène constamment inventive et joussive, toujours généreuse avec son spectateur, acceptant la profonde connerie inhérente à la saga et en la traitant avec ironie, mais en même temps un profond respect, ne laissant jamais transparaitre un quelconque cynisme.
Et maintenant, qu’en est-il de cet opus ? Et bien on peut dire que l’on retombe très bas. Pas au plus bas de la saga, faut quand même pas déconner (parce que pour réussir à faire encore plus mauvais que 2 Fast 2 Furious, mis en scène par John Singleton, faut le vouloir), mais on peut pas dire que l’on est au niveau du 7, ni même du 5. F. Gary Gray n’est clairement pas James Wan, et n’a ni son inventivité visuelle ni sa maitrise technique. Du coup, Gray mets en scène son film en repompant les effets de Wan sans jamais réussir à vraiment retrouver l’intensité insufflée dans le 7. Il suffit de voir la séquence d’ouverture mettant en scène Vin Diesel faisant une course de voiture pour sauver son cousin: Gray ré-utilise complètement tous les effets de mise en scène qu’utilisait Wan, au point de même lui voler son découpage. Autant dire que ce n’est pas vraiment très agréable à regarder. En plus de cela, celui-ci doit faire avec un script bourré de trou d’intrigue, mais surtout avec des blagues niveau maternelle. Le plus rageant dans l’histoire, c’est que non seulement, ce nombre de blague est tellement élevé qu’il s’agit presque là d’une comédie, mais surtout que celles-ci permettent d’assagir les personnages, et les détournent de leur véritable rôle dans la saga: des rôles de gros durs. Que cela soit la présentation de Dwayne Johnson entrainant l’équipe de sa fille à reproduire le Haka des All Blacks ou la scène de Jason Statham qui se bat en protégeant un bébé, sans parler de Tyrese Gibson qui n’a jamais à ce point servis de sidekick comique dans la saga, toutes les blagues tombent complètement à l’eau et ne font qu’affaiblir l’image héroïque que l’on pouvait avoir de ses personnages.
Et pour le reste ? Et bien ce qui devait arriver arrive avec cet opus: la saga se perd complètement. Le changement qu’a subit la saga lui a permis de perdurer, lui a également permis d’offrir des bons films par moment, mais uniquement lorsqu’un vrai réalisateur était aux commandes. Que cela soit Justin Lin sur le cinq ou James Wan sur le sept, les cinéastes savaient comment rendre la chose agréable à regarder, mais surtout avaient une vision d’ensemble de leurs films, étaient conscient de ce qu’ils racontaient et de la place que leur film occupait dans la saga. On en vient d’autant plus à se rendre compte à quel point Fast and Furious 7 était en ce sens complètement définitif et offrait en soit l’ultime conclusion à la saga. Ici, on tente de relancer une histoire qui n’en a jamais été vraiment une en essayant de surpasser les opus précédents par l’accumulation d’humour et des idées de plus en plus spectaculaire. Cela aurait peut-être pu marcher si James Wan était revenu à la réalisation. Mais en l’état, cela ne fonctionne jamais…
Claude S.
Note du rédacteur: 1,5/5 (Mauvais)
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