Second long du réalisateur britannique Ron Scalpello, Pressure est un huit-clos sous-marin dans lequel quatre plongeurs sont envoyés à bord d’une cloche pour colmater la fuite d’un pipeline au milieu de l’océan indien. Pris dans une tempête, le bateau auquel se rattache la cloche finira par sombrer, noyant tous ses occupants et livrant à eux-mêmes nos quatre plongeurs. Ceux-ci se retrouveront naturellement confrontés à un problème de taille : il leur reste 18 heures d’oxygène, au cours desquelles ils devront impérativement trouver un moyen de remonter à la surface.
Difficile de se montrer original dans un contexte aussi borné et usité que ne l’est ce postulat. Auquel cas, à défaut d’avoir un script original, il peut être intéressant de singulariser la réalisation, pour détacher le film de ce qui a pu se faire précédemment. Je vous vois là-bas, au fond de la salle, vous dire que je ne balance pas ça au hasard, mais à dessein. Je vous vois vous mettre à penser que le film tire profit d’une réalisation sinon avant-gardiste, du moins audacieuse… Ne faisons pas durer l’espoir trop longtemps, le film est absolument classique dans son écriture, son développement narratif et sa réalisation. Il est de ces films justifiant les moindres agissements des personnages par des flashbacks ou des explications de texte en forme de monologue qui trahissent une certaine forme de paresse de la mise en scène. Quant au dénouement, pas de surprise, une logique omnisciente basique pourra permettre de tout déceler en une poignée de minutes.
Bien, mais alors, clôturons cette critique et passons à la suite ? Ce serait omettre les quelques qualités d’un film qui se regarde (et j’en suis le premier étonné) sans que nous n’ayons trop à consulter notre montre. Le genre de péloche qu’on peut retrouver complètement par hasard sur un canal moisi de la TNT, mais par laquelle on finit par se laisser prendre. Le film a ce petit côté suffocant du thriller qui fonctionne; une alchimie certes fragile, mais véritablement présente, qui place à certaines occasions le spectateur dans les godasses des personnages, créant ainsi une compassion d’autant plus bienvenue qu’elle nous fait nous questionner sur nos propres agissements si nous avions été confrontés à la même situation. Une tension qui permet au film de ne pas sombrer et de garder la tête hors de l’eau jusqu’à sa dernière image.
Techniquement, le film n’a pas à rougir de quoi que ce soit, Scalpello nous donnant à voir ce que son budget nous permet de voir, sans surestimer ses possibilités. Ainsi, on ne se retrouve pas devant un florilège de CGI qui bavent de part et d’autres de l’écran, ce qui pouvait être à craindre. Le traitement est d’ailleurs assez réaliste, ce qui est indéniablement à verser du côté des points positifs. Parce qu’un des pièges les plus évidents aurait été de tomber dans une surenchère d’effets tous plus grossiers les uns que les autres, le cercle vicieux typique du film qui tente de cacher sa misère avec de la misère : Comment réaliser des CGI propres et efficaces avec une enveloppe budgétaire famélique ? Au contraire, Scalpello tire profit de son environnement pour livrer des images et des situations crédibles et au rendu pragmatique, sans trop en faire, mais en en faisant suffisamment.
Ferdinand Bardamu
Note du rédacteur : 2,5/5 (Moyen)
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