Dans la forêt est le nouveau film de Gilles Marchand, réalisateur et scénariste du mésestimé Qui a tué Bambi ? et du trop vite descendu L’autre monde . Il a notamment été scénariste sur des films tels que La Dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil de Joann Sfar ou encore Des nouvelles de la planète Mars et du fameux Harry, un ami qui vous veut du bien, réalisés par Dominik Moll, ce dernier étant ici co-scénariste.
Gilles Marchand est donc un réalisateur singulier dans l’industrie française, et un réalisateur qui aime prendre son temps pour chacun de ses projets. En résulte des œuvres travaillées et détonantes dans le morne paysage audiovisuel de notre belle contrée. C’est donc avec une réelle curiosité et une certaine attente que Dans la forêt a atteint nos salles de cinéma. Oups.
Cela fait bientôt 1 an que Benjamin et Tom n’ont pas vu leur père. À l’occasion de leurs retrouvailles en Finlande, ce dernier décide soudainement de partir en forêt. Tom, victime de vision, s’inquiète de plus en plus face à un père au comportement étrange…
Un road-trip dans un lieu reculé, un père à la limite de la folie… La filiation avec Shining n’est pas difficile à faire, d’autant plus que le film cite (sans pour autant être putassier ) le chef d’œuvre de Kubrick à plusieurs reprises. La comparaison est malheureusement inévitable, et force est de constater que le film de Gilles Marchand ne parvient jamais à distiller le dixième d’anxiété que pouvait provoquer son modèle.
Il y a cette désagréable sensation que le film confond parfois « retenu d’informations » et « suspense ». Vouloir nous entraîner dans une atmosphère étrange et laisser libre cours à l’interprétation de chacun sont des intentions louables, mais elles ne parviennent jamais à réussir leur coup : la froideur des personnages nous empêche d’avoir une quelconque empathie. On ne sait tellement rien du passé de chaque personnage qu’il est difficile de nous faire un avis : on passe son temps à chercher un indice, un symbole pouvant nous aider à le découvrir. Hors il n’y a rien. Pour y revenir en vitesse, la scène d’introduction de Shining était un monument du genre. On y entrevoit des éléments de décor ou bien des non-dits nous permettant de penser que Jack Torrance est un homme violent. Ce n’est jamais dit, on ne le remarque peut-être pas, mais elle nous permet d’accepter que cet homme peut, et a déjà, basculé dans une certaine folie. Ici, il faut juste accepter de voir un homme, « le père » (jamais nommé dans le film), qui dit des phrases volontairement floues, pour laisser planer un doute superficiel sur une issue qu’on devine dès la première vision de Tom.
De fait, cette objectivité voulue par le réalisateur s’empêche toute montée en puissance, ne nous offrant que très peu de scènes digne d’intérêt, et nous balançant toute sa symbolique lors d’un dernier acte attendu et supprimant toute interprétation fantastique du film, contrairement à un Mister Babadook qui lui assumera jusqu’au bout son genre, tout en nous laissant pourtant nous faire notre propre interprétation.
S’il y a quelque chose à saluer dans le film, c’est bien l’interprétation de Timothé Vom Dorp dans le rôle de Tom, l’enfant au « shining », convaincant est souvent juste, il est la grande force du film et celle de Jérémie Elkaïm, qui parvient parfois à remplir son rôle de « Boogie Man mais pas vraiment». Malheureusement, les dialogues sont beaucoup trop "clinquants" et ne laissent aucune place à la mise-en-scène. C'est pas qu'on s'écoute parler, mais chaque phrase est trop chargée de sens, et sert de béquille là où une mise-en-scène plus efficace aurait pu faire le job en un mouvement de plus.
À noter aussi les maquillages, et les quelques CGI du film, amenés avec intelligence et étant particulièrement crédibles.
Antoine T.
Note du rédacteur : 2/5 (Faible)
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