mardi 11 avril 2017

Power Rangers, de Dean Israelite

Et bim, dans ma gueule ! Après m’être énervé dans ma dernière critique par rapport à la qualité cinématographique des films qui étaient sortis en salles au mois de mars, nous voici arrivés lors de la première semaine des sorties du mois d’avril. Et là, je me retrouve dans la salle de Power Rangers. Vous pensez que j’ai une vie de merde ? Probablement. J’ai la tristesse de vous annoncer que j’ai eu le malheur d’assister le jour même de la sortie du film à l’un des spectacles les plus navrants que j’ai vu ces dernières années. Inutile de préciser qu’il s’agit là du plus mauvais film qui est critiqué sur le site.

Blockbuster insipide au racolage digne des plus gros navets de Renny Harlin, Power Rangers est une honte absolue. Tentative à peine camouflée de « transformeriser » cette licence pour enfants histoire de relancer une franchise qui commençait à tomber aux oubliettes, le « film » (ça me fait mal de qualifier ça de film de cinéma) est un monument de racolage insupportable. Il utilise exactement la même recette scénaristique que ce qui a été fait sur la saga Transformers. Personnages caricaturaux et humour bas du front sont ainsi bien évidemment de la partie. Mais à la limite, je peux l’accepter : je dois bien admettre que certaines blagues des Transformers sont profondément connes, mais me font marrer. Sauf que pour amuser le spectateur, il faut être capable de créer un rythme, et aussi de l'attacher aux personnages, chose qui n’est jamais présente dans le film, pour la simple raison qu’en plus de n’avoir absolument jamais réussi à maintenir un rythme constant pendant le récit, Dean Israelite (réalisateur de cette chose) n’arrive jamais à trouver le ton juste pour amener ses blagues. Une blague pourrie est donc faite exactement sur le même ton qu’une scène censée être émouvante ou tout simplement dramatique. C’est dire si c’est rigolo… Mais le pire, c’est que l’on sent que ces blagues sont censées amener l’attachement que le spectateur devrait ressentir pour les personnages. Le problème, comme je le disais plus haut, c’est que pour vraiment rire à des vannes provenant d’un groupe de potes, et bien il faut avoir le sentiment d’y appartenir, à ce groupe. Vous voyez le problème : la chose a été pensée à l’envers. Mais à la limite, passons. Ce n’est pas le point le plus problématique. 

Ce qui s’avère être beaucoup plus emmerdant, c’est la structure scénaristique de l’ensemble. En effet, le récit est bourré de trous d’intrigue, et la manière d’amener les péripéties s’avère être finalement extrêmement floue. Ne serait-ce que la présentation du leader de la bande : celui qui s’avèrera être le Power Rangers rouge se fait arrêter par la police, parce qu’il a décidé de ramener une vache dans un vestiaire (vache qui s’avère être un taureau histoire de faire une blague d’une finesse incroyable à propos de son fameux « pis », je vous laisse comprendre la chute…). Le truc, c’est que l’on a absolument aucune idée de pourquoi ce couillon décide de faire ça. Ainsi, on le trouve complètement con. Idem de la présentation de la méchante. Celle-ci sort de nulle part, et on ne sait même pas ce qu’elle souhaite réellement, hormis détruire le monde. C’est sympa, je veux bien que cela n’aille pas plus loin, mais il faudrait essayer de vraiment la présenter histoire de faire en sorte que l’on puisse vraiment s’intéresser à ce qu’elle souhaite accomplir. On comprend par petites touches ses réelles intentions, mais ce n’est tellement pas structuré correctement qu’il est impossible de vraiment y trouver un intérêt. 
La majorité du film se déroulant avec le groupe de Power Rangers, on imagine facilement que le véritable but de ce film est de nous présenter les protagonistes, puisque le but est très clairement de faire plusieurs films à partir de ce groupe et de relancer la franchise. Le problème, c’est que ce groupe est présenté à la truelle. Certaines idées ne sont pas mauvaises, comme l’idée de mettre un personnage principal atteint d’une forme d’autisme, mais le résultat est consternant de connerie : les scénaristes ont mis un personnage autiste uniquement pour s’en servir de sidekick comique pendant tout le film. En effet, ce personnage est uniquement là pour faire des blagues nazes, et jamais son handicap n’est vraiment mis en avant dans le récit… Idem pour un autre personnage qui s’avère être homosexuel : à quoi cela sert de mettre à ce point là en avant un aspect des personnages si c’est pour que cela n’influe jamais en rien sur la psychologie du groupe ? Probablement que cela avait été beaucoup plus développé dans le scénario d’origine, étant donné que tous les trous d’intrigues et tous ces aspects floues des personnages puent les scènes coupées au montage. Mais en l’état, il faut bien admettre que c’est impossible de se contenter de ça…

Et que dire sur la réalisation de Dean Israelite dont il s’agit seulement du deuxième long-métrage après Projet Almanach ? Bah au même titre que je parlais de son incapacité à amener correctement ses blagues, il faut malheureusement reconnaitre que son film ne se tient jamais. Ses choix de cadres et de découpages sont tous plus incohérents les uns que les autres (une scène de drague censée être presque sensuelle s’avère être filmée avec une caméra portée tremblante comme c’est pas permis, des discussions filmées de loin en focale moyenne comme si un autre personnage écoutait la discussion alors que les protagonistes sont seuls dans la scène…), et il est impossible de comprendre comment on peut sortir un film dans cet état là en salle : même les effets spéciaux s’avèrent être particulièrement hideux, et sont à peine dignes des jeux sortants aux balbutiements de la Playstation 3. Et c'est dire si le film est spectaculaire : lorsque nos héros découvrent leurs pouvoirs, ceux-ci se rendent compte qu'ils peuvent sauter particulièrement loin, et donc passer sans aucune difficulté un trou de 20 mètres de long et de combien en profondeur ? Impossible de le savoir : le trou n'est jamais visible à l'écran ! Ainsi, quand les personnage sautent, impossible d'avoir ne serait-ce qu'un petit frisson pour eux : on ne se rend jamais compte de ce qu'ils sont en train de faire. Depuis le désormais mythique World Invasion: Battle Los Angeles réalisé par ce tâcheron de Jonathan Liebesman et souvent cité à titre d’exemple lorsqu’il s’agit de parler d’un navet blindé de pognon, on n’avait pas vu une réalisation aussi dégueulasse et mal pensée dans un film de cette ampleur commerciale.

Franchement, vous l’aurez compris et je vous en conjure : n’allez surtout pas voir cette merde. Voir ce genre de film sur grand écran, en plus de procurer un ennui mortel digne des plus grandes soirées Scrabble chez papy et mamie, c’est au passage soutenir ce qui signe la mort du cinéma. Il ne s’agit que d’un produit faisandé dont le seul but est d’attirer des spectateurs sans aucune exigence. 

Si vous voulez voir un bon film cette semaine, allez voir Le serpent aux mille coupures, d’Éric Valette. Ca a 95% de budget en moins, mais c’est 100 fois plus spectaculaire et respectueux de son spectateur que la purge sur laquelle j’ai écrit…


Claude S.

Note du rédacteur: 0/5 (Autodafé)

0 commentaires :

Enregistrer un commentaire