dimanche 22 janvier 2017

xXx : Reactivated, de D.J. Caruso

Signé par Rob Cohen en 2002, xXx premier du nom s’était imposé comme un petit film d’action sans trop grande prétention, ni vraiment bon, ni vraiment mauvais. Son but affiché étant clairement d’imposer définitivement Vin Diesel comme une superstar du cinéma d’action après leur précédent succès, Fast and Furious. Le film avait pour intention d’être une sorte de mélange entre James Bond et la désormais célèbre saga qui avait participé à la renommée de son réalisateur et de sa star. On pouvait ainsi découvrir le personnage de Xander Cage, superstar des sports extrêmes et (gentil) bad boy, se faire recruter par Samuel L. Jackson pour devenir un agent secret de la NSA grâce à ses pratiques sportives. Après des péripéties aussi mouvementées que peu crédibles, celui-ci sauvait le monde en infiltrant un groupe terroriste en s’affichant avec ses grosses voitures, et en finissant par pécho Asia Argento au passage. Après un oubliable deuxième opus signé Lee Tamahori en 2005, ou le rappeur Ice Cube remplaçait Diesel, nous voici en 2017 paré pour un troisième opus, 15 ans après le premier. 


xXx Reactivated. Comme son nom l’indique plus ou moins, c’est le retour de Xander Cage. Après s’être exilé en se faisant passer pour mort, celui-ci accepte de travailler à nouveau comme agent auprès de la NSA après avoir appris la mort de Gibbons (Samuel L. Jackson), et va devoir bosser en infiltrant un groupe ayant volé une arme de destruction massive, la bien nommée "Boite de Pandore". Mais bien évidemment, tout va s’avérer plus compliqué que prévu, et Cage ne va pas devoir lutter uniquement contre ses apparents ennemis, mais aussi contre son gouvernement. Bref, on va pas se leurrer très longtemps. A l’heure ou vous lisez ces lignes vous devez tous vous douter que ce synopsis n’a absolument aucune importance. La première chose qui énerve lorsque l’on regarde xXx Reactivated, c’est son refus de toute forme de cohérence cinématographique. Passé la présentation des méchants, l’une des premières scènes du film nous présente Gibbons en train de recruter ce qui semble être une recrue pour la NSA. Cette recrue, c’est le footballeur brésilien Neymar. Présenté comme un joueur de foot particulièrement talentueux, la séquence nous gratifie d’un freeze sur l’image, suivi d’un panneau sur ce joueur indiquant « a cru être recruté pour les Avengers ». Ce panneau est symptomatique de l’un des plus gros problème du film. Au lieu d’essayer de nous faire croire à l’univers que le film va nous présenter, le choix assumé des scénaristes est de nous mettre constamment à distance du récit, et ce en deux points : faire de la mise en abîme sur la filmographie de ses acteurs, et malheureusement, ridiculiser constamment les personnages que l’on nous montre. Quel est l’intérêt de rappeler aux spectateurs que Jackson a interprété Nick Fury ? Aucun. On s’en moque complètement. Ici, Jackson interprète Gibbons. Pas Nick Fury. Pourquoi nous présenter un personnage en nous donnant l’impression d’avoir un abruti en face de nous ? Flatter les bas instinct du spectateur et lui donner toutes les cartes en main pour lui permettre d’être cynique à la vision du film. Passé cette séquence particulièrement désagréable, on se retrouve enfin face à xXx. On retrouve Xander Cage en action, tout ce qu’on attend en allant voir ce genre de film. Hélas, cette séquence complètement foireuse est à l’image du reste du film. Voulant se mettre dans la poche les fans de sports extrêmes après s’être mis dans la poche les cyniques, on a droit à une séquence de 10 minutes de démonstration d’acrobaties à ski dans la jungle et sur skateboard, avec bien évidemment Xander Cage poursuivi par la police histoire d’accentuer le fait que c’est un bad boy. Tellement bad boy que la conclusion de cette séquence, c’est que Xander Cage avait piqué un décodeur pour permettre à la population de regarder le foot à la télé. Au lieu d’assumer d’avoir un personnage qui puisse être réellement badass, il fallait bien évidemment présenter Vin Diesel comme un héros au grand coeur avant tout. Par ailleurs, il faudra pas être trop surpris d’entendre tous les personnages passer leur temps à vanter les mérites de Xander Cage, qui est apparemment le plus sexy, le plus badass, le plus gentil, le plus fort et le plus intelligent des êtres humains. Autant de qualités chez un même homme, c’est vraiment incroyable… Sauf que sachant Vin Diesel est à la production, on en viendrait plus à croire que ses compliments lui sont directement destinés, et non pas à son personnage.
S’ensuit la présentation des personnages secondaires caractérisés à la truelle, donc pour la faire courte, on a : la lesbienne protectrice des animaux, dégommeuse d’êtres humains au sniper et fan de Call Of Duty au passage histoire de faire jeune. On a également le cascadeur plus ou moins fou qui poste ses cascades sur Snapchat et qui s’avère être particulièrement con pendant tout le film. Et pour finir, un jeune DJ qui passe son temps à lever les bras en l’air en mettant de la dubstep de supermarché et qui selon les personnages du film « met le feu à chaque fois qu’il passe à un endroit ». A en juger la réaction des gens dans la salle, pas sur qu’il ai mit le feu le mec, vu le malaise qui s’instaurait à chaque fois qu’il apparaissait à l’écran. 


Filmé et monté au mépris du bon sens, la mise en scène de D.J. Caruso est une véritable catastrophe. Jamais celui-ci n’arrive à mettre véritablement en valeur ses scènes d’actions. En amenant des artistes martiaux comme Donnie Yen et Tony Jaa (que l’on avait pu voir dans une autre production avec Vin Diesel : Fast and Furious 7), la logique aurait voulu des plans plutôt larges, montrant au spectateur que ces deux là sont capable de faire eux mêmes leurs cascades d’un seul coup. Hélas, choix incompréhensible, Caruso décide de filmer son action majoritairement en gros plan, ce qui ruine bien évidemment le spectaculaire de la chose. Pire, les gros plans ne pouvant bien évidemment pas montrer l’entièreté de l’action, Caruso choisi un montage rapide, beaucoup trop en l’occurence, brouillant au passage la lisibilité de l’action. Les seules cascades filmées en plan un peu plus large sont celles effectuées par Xander Cage, mais en filmant majoritairement son action en plan GoPro fixe, on n’obtient bien évidemment jamais des scènes réellement cinématographiques, et donnent plus l’impression de voir les images d’archives d’une quelconque compétition sportive… Il est d’autant plus dommage de voir que Tyler Bates, le compositeur du film, semble être la seule personne à bord qui ait pris son rôle au sérieux, et réussi malgré tout à sortir des compositions musicales plutôt correcte. Mais malgré ses effort, jamais il ne peut à lui tout seul sauver l’entreprise. Par ailleurs, les fans de rap (dont je fais parti) seront plutôt contents d’entendre un morceau d'Ice Cube lors du générique de fin. C’est peu, mais après m’être tapé ce truc, cela a suffit à me redonner un petit sourire…


xXx Reactivated n’est pas une oeuvre de cinéma. xXx Reactivated n’a même pas la décence d’essayer de nous construire un récit. xXx Reactivated n’a même pas l’intention de nous offrir une mise en scène efficace. xXx Reactivated, c’est 1h47 de racolage de tout bord, essayant finalement de se mettre dans la poche un spectateur pas trop regardant, prêt à accepter n’importe quoi tant que ce n’importe quoi lui est servi sous des pseudos airs cool. Sauf qu’avec une budget de 85 millions de dollars, on est en droit d’attendre un peu plus qu’un faux film…







Claude S.


Note du rédacteur: 0,5/5 (Honteux)
Note de l'équipe : 0,5/5 (2 notes)

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