samedi 8 septembre 2018

Perfect Skin, de Kevin Chicken

C’est typiquement pour ce genre de péloche que je redoute les festivals à la programmation gargantuesque. De ceux dont les films proposés sont si nombreux qu’il y a forcément anguille sous roche. Et là, c’est bingo. Parce que Perfect Skin n’a de commun avec la perfection que son titre. Première réalisation de Kevin Chicken (déjà, ça part mal), le film narre l’histoire d’un tatoueur (Richard Brake) pris de fascination pour une jeune femme (Natalia Kostrzewa), qu’il se décidera à kidnapper pour parfaire son œuvre en laissant libre cours à son imagination. Se voulant plus proche de L’étrangleur de la place Rillington ou du Voyeur que des réalisations de l’école Torture Porn qu’il semble prendre de hauteur, le sieur Poulet se complait dans un ensemble moribond sans relief aucun, où la tension inexistante n’a d’égale que la laideur des images.

Pourtant, Perfect Skin ouvre sur un générique plutôt prenant, où des encres de différentes couleurs se confondent et naviguent au sein d’un encrier qui insufflent un rendu « pop » qui donne envie d’aller plus loin, le tout accompagné par une BO qui fonctionne plutôt bien. Quelle surprise dès lors de découvrir les premiers plans post-générique, étalonnés avec les fesses (ont-ils oublié de retirer la LUT ?), à en donner la nausée et avec un gros problème de mise au point. Les temps sont durs en Angleterre, la grève des assistants cadre fait des ravages.

Bon, mais si ce film me fait, d’un point de vue technique, penser à une foire à la botanique, j’entends par là réa aux fraises, photo aux fraises, étalo aux fraises et montage aux fraises, se rattrape-t-il sur ses aspects narratifs ? Que nenni. Le scénario phagocyte les quelques maigres idées qu’il tentait d’avoir par un dilettantisme flagrant, singeant ses propres réflexions et tirant en longueur tous ses concepts jusqu’à plus soif. On ne compte plus le nombre d’allers-retours de la cage de la victime jusqu’à la salle où elle se fait tatouer, le nombre d’inserts sur cette aiguille qui mitraille la chair, et ces lignes de dialogue d’une absurdité incommensurable. Ayez pitié du pauvre spectateur qui donne une chance à votre bousin et sacrifie presque 2h de sa vie m’sieur le réa, siouplé. Côté acting, parce qu’il faut bien en parler, quand ça ne cabotine pas (Richard Brake, pauvre de lui), ça s’enfonce dans le faux ton et les méandres de l’actorat de téléfilm. Mais si, tu vois de quoi je parle, ces productions si embarrassantes dans lesquelles tu ne peux absolument pas t’immerger tant ça joue faux, et que le quatrième mur s’effiloche. Impossible dès lors d’avoir ne serait-ce qu’une once de sympathie pour un film qui dessert à ce point le genre, s’imaginant qui plus est créer une oeuvre transgressive. Parce que bien évidemment, tout est à prendre au premier degré, l’absence totale d’humour et cette volonté de garder une gravité constante ajoutant plus à la gêne qu’autre chose. N’en déplaise au réa, son film s’approche bien plus d’un Torture Porn édulcoré (la violence graphique est somme toute très relative) que des œuvres dont il souhaiterait se rapprocher (voir ci-dessus). Ne perdez pas votre temps avec cette vaine tentative téléfilmesque, et rapprochez-vous de péloches avec une vraie volonté de cinéma. Entre nous, n’importe quel autre film fera l’affaire. Enfin presque.





Jérémie N.
Note du rédacteur: 1/5 (Navet)

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