mardi 7 février 2017

Le Cercle - Rings, de F. Javier Gutiérrez


Il est toujours énervant de voir que les bons films ont de plus en plus droit à des remakes, de nos jours. Non pas qu’un remake soit nécessairement une mauvaise chose, il en existe même de très réussis. Mais une fâcheuse tendance sévit à Hollywood depuis de nombreuses années : se ré-approprier des œuvres ayant fait leurs preuves pour resservir une version aseptisée collant aux tendances du moment. Il suffit de voir le nombre de remakes qui ont été faits des classiques de l’horreur des 70’s et 80’s à partir du début des années 2000 pour se retrouver avec ce constat accablant. Et il est d’autant plus triste de voir que le cinéma étranger a souvent droit à un traitement similaire : « le public américain n’irait pas voir un film avec des sous-titres » disait Sam Raimi lors de la sortie de The Grudge, lui permettant de justifier la production d’un remake plan par plan de Ju-On, réalisé par le même auteur que l’œuvre originale : Takashi Shimizu.
En 1997, Ring fut un sacré choc. Réalisé par Hideo Nakata, le film était adapté d’un roman de Koji Suzuki, considéré dans son pays comme l’équivalent d’un Stephen King japonais, qui racontait l’histoire d’une malédiction : une cassette vidéo décime la population japonaise, en ne laissant plus que 7 jours à vivre à la personne qui a le malheur de la regarder. Cette petite perle du cinéma d’épouvante imposa un nouveau style d’horreur, très lente, ou jamais l’imagination du spectateur n’avait été à ce point un facteur d’émotion. Une suite fit son apparition rapidement, en 1999, toujours réalisée par Nakata, puis un préquel, en 2000, cette fois-ci réalisé par Norio Tsuruta. De qualité variable, les deux œuvres restaient malgré tout intéressantes, et permettaient de développer l’idée de la malédiction, tout d’abord grâce à un changement de point de vue particulièrement bienvenu pour Ring 2, puis en expliquant les origines de la cassette dans Ring 0. Puis les USA arrivèrent. Réalisé par Gore Verbinski, Le Cercle - The Ring était un film d’horreur de studio, dans le but de faire découvrir au public américain une histoire purement japonaise transposée aux États-Unis. Pas forcément désagréable, ce remake n’en demeure pas moins assez anecdotique, et qui hormis quelques idées visuelles intéressantes, a pour seul mérite d’avoir essayé de retrouver l’esprit d’une horreur sans jumpscare, ou le spectateur est constamment censé s’impliquer dans le récit. Après une suite en 2005, on n’avait pas vraiment de nouvelles de cette saga, qui semblait s’être totalement éteinte. Et c’est là que F. Javier Gutiérrez est arrivé…


Œuvre inutile au possible, Le Cercle - Rings se veut être une suite du film de Verbinski. Prenant place 13 ans après ce premier opus, le film s’ouvre sur l’attaque d’un étudiant dans un avion. Cherchant à fuir la malédiction de cette cassette, et donc l’attaque de Samara (la Sadako américaine), celui-ci a choisi de prendre l’avion pour fuir le plus loin possible, chose qui évidemment ne marchera pas. Deux ans plus tard, un professeur d’université tombe dans un vide-grenier sur des affaires qui appartenaient à cet étudiant, et donc forcément un magnétoscope comprenant la fameuse cassette vidéo maudite. Et pendant ce temps là, dans un autre monde où les gens mettent leurs réveils à 7h07, un étudiant laisse sa petite amie toute seule pour aller étudier chez ce professeur. Après des péripéties aussi inutiles que pas flippantes, celle-ci va finir par regarder la cassette maudite pour sauver son copain qui l’a également regardée, et les deux vont donc enquêter pour comprendre d’où vient cette malédiction et tenter de l’arrêter.

Que dire sur ce troisième opus ? Pas grand chose. Il ne s’agit ni plus ni moins d’un produit de studio aussitôt vu, aussitôt oublié. Trahissant l’esprit de l’œuvre d’origine en nous foutant des jumpscares tous plus cons et putassiers les uns que les autres (la palme allant à un jumpscare lors d’une transition entre deux scènes, essayant de nous faire sursauter en montrant une femme ouvrir son parapluie), Gutiérrez s’avère être incapable d’insuffler le moindre dynamisme et la moindre émotion dans son film. Sa brochette d’acteurs tous plus fades les uns que les autres étant incapable de jouer avec un semblant de justesse, celui-ci se retrouve à filmer des dialogues d’une mollesse absolument surréaliste. Il est par ailleurs assez triste de voir Vincent d’Onofrio cachetonner de manière assez molle en jouant le gardien de cimetière aveugle, d’autant plus qu’on l’avait vu récemment dans un autre remake qui s’avérait être beaucoup plus intéressant : Les Sept Mercenaires, d'Antoine Fuqua. 



Dans la lignée d’un Blair Witch 2, Le Cercle - Rings n’essaie même pas d’être dans la lignée de ses modèles. Celui-ci se contente de piller à droite à gauche des éléments ayant marchés dans des succès récents histoire de s’assurer un succès au box-office. On n’est donc pas surpris de se retrouver face à un final convenu, pompant allègrement Insidious sans même chercher à s’en cacher.

Jamais prenant, jamais flippant, Le Cercle - Rings est un produit sans intérêt que nous aurons tous oubliés d’ici deux semaines. Hymne involontaire à la connerie en montrant des personnages tous plus cons les uns que les autres, il est impossible de comprendre comment un produit aussi lamentable a fini par échouer sur les écrans de cinémas en France. L’une des meilleures scènes du film, ou plutôt l’une des "moins pires", nous montre d’Onofrio traquer l’héroïne dans sa maison, en ayant coupé toutes les lumières. Cette scène a un seul mérite : nous rappeler que Don’t Breath, c’était quand même vachement bien, et que le Blu-Ray sort en France dans 10 jours. Économisez pour vous le procurer, plutôt que de dépenser 10 euros pour cette cure de dragée Fuca faite film qu’est Le Cercle - Rings.





Claude S.

Note du rédacteur: 0,5/5 (Honteux)
Note de l'équipe : 0,25/5 (2 notes)

0 commentaires :

Enregistrer un commentaire