Après un premier volet largement acclamé par la critique, John Wick s’offre une deuxième cure de pétage de fions avec le sobrement intitulé John Wick 2. Un budget somme toute correct de 40 millions de dollars déjà rentabilisé par l’exploitation salle. Un succès d’autant moins étonnant que le film arbore quelques qualités non négligeables. J’arrête tout de suite les plus enthousiastes d’entre-vous, non, le film n’atteint pas la fulgurance de certains films HK ou d’un The Raid, mais s’inscrit sans trop de problèmes dans le haut du panier de l’actioner made in USA.
Après avoir encore botté le cul des mecs qui lui ont tiré sa mustang, John Wick reçoit la visite d’un mafieux qui lui rappelle sa dette envers lui. Le mafieux en question l’enverra buter sa soeur pour qu’il puisse prendre sa place à l’assemblée des mafiozis, et mettra un contrat de 7 millions de dollars sur la tête de notre Keanu Reeves (pas) national parce qu’il faut bien venger la famille.
La première chose qui fout la banane en matant John Wick, c’est l’indéniable sens du découpage et de la spatialisation de Chad Stahelski, cascadeur et coordinateur de cascades de métier, qui passaient pour la première fois derrière la caméra avec John Wick et rempilait avec ce second opus.
La première séquence de John Wick 2, un combat motorisé à coups de carrosserie dans les miches, atteste immédiatement du savoir-faire chorégraphique du réalisateur. Une économie de plans qui n’enlèvent rien à la sensation de choc chaque fois que deux véhicules se percutent, là où moult metteurs-en-scène auraient privilégié une séquence sur-découpée, quitte à bricoler un montage pour donner une sensation de mouvement, au risque de perdre le spectateur dans le temps et dans l’espace. Aucune scène du film ne vous pommera, la lisibilité sera toujours d’une pureté irréprochable, la palme à cette avant-dernière séquence qui cite à la fois La dame de Shangaï et Opération dragon, donnant à voir l’action dans un enchevêtrement de salles à miroir qui a dû être un abominable casse-tête à mettre en place. Certes, les incrustes on dû aider, mais n’ont pas fait tout le travail, et on ne peut être qu’admiratif devant le résultat final. Cette séquence vaut le visionnage du film à elle seule, si tant est qu’on s’intéresse un peu à la technique de mise-en-scène.
La mythologie des tueurs à gage entamée par John Wick premier du nom est ici plus développée, prenant un virage moins rationnel et plus ancré dans la tradition de surenchère propre à la bande-dessinée, et plus particulièrement aux Comics. Les tueurs deviennent une congrégation plus fréquentée et fournie que le laisse penser le premier opus, et la présentation des privilèges dont peuvent disposer les membres de la confédération est assez amusante. Aller chercher des armes chez un sommelier d’un luxueux hôtel italien, ou encore ses fringues pare-balles chez un couturier chinois, le tout rappelle absolument la construction mécanique d’un jeu-vidéo. Que dire de l’utilisation de l’hôtel Continental qui fait office sinon de lieu de sauvegarde, au moins de QG en forme de havre de paix dans lequel vous pourrez vous rééquiper et reprendre vos forces sans craindre d’être attaquer par l’ennemi ? (Une mécanique de jeu récemment présente dans Resident Evil 7, et vieille comme le monde.) Peut-être que les affiches de PayDay 2 accrochées derrière l’un des tueurs à gage ne sont pas si anodines par rapport à l’inspiration vidéoludique du film, finalement. Si on accepte le postulat irréaliste et aussi artificiel que peuvent l’être les actioners arcades du jeu-vidéo ou les Comics ricains, alors tout ira pour le mieux lors du visionnage.
On regrettera cependant le manque de diversité lors des fusillades à la chaîne, qui nous feront suivre John Wick buter tour à tour la garde rapprochée du mafieux qui a mis sa tête à prix. Les plans se suivent et se ressemblent, tant dans la manière dont Wick mettra à terre ses adversaires directs pour flinguer les hommes au bout du couloir, que dans la manière que Stahelski aura de poser ses cadres. Des cadres identiques qui pourront se suivre, les uns à la suite des autres, 5 ou 6 fois d’affilée. Pour le coup, peut-être aurait-il fallu découper davantage l’action, utiliser plusieurs valeurs de plan, diversifier les axes, ou tout faire en plan séquence pour éviter la répétitivité induite par les cuts. On se posera également la question du bien fondé de personnages comme celui de Laurence Fishburne, un chef de gang maquillé en clodo qui tripote des pigeons voyageurs et fourni des armes à qui a de quoi se les payer. Un étrange pourvoyeur de vide qui brise maladroitement l’action et n’apporte réellement pas grand chose à la narration du film. À titre personnel, je souligne aussi le fait d’en avoir absolument plein le cul de voir la très mauvaise Ruby Rose dans ces rôles de karatéka goudou, une actrice d’une maladresse horripilante, systématiquement caricaturales et à côté de la plaque. Une catastrophe ambulante, sans charisme, qu’on a déjà bien assez vue cette année, puisque déjà dans xXx: Reactivated et Resident Evil : Chapitre final (belle filmo).
John Wick 2 est une péloche bien appréciable, qui souffre un peu d’un trop plein de générosité : le film aurait sûrement gagné à mincir d’un bon quart d’heure. Mais, sans comparer tout à fait, c’est un faux-procès qu’on fait depuis la nuit des temps au cinéma coréen, toujours trop généreux, mais comment leur en vouloir ? Un bon moment de cinéma bien branlé, sans prétention aucune, avec une vraie volonté de respecter le spectateur et le genre, je signe. La fin augure d'ailleurs d'un troisième épisode qu'il me tarde déjà de voir, s'il tient les promesses qui nous sont faites. Allez-y sans broncher, vous n'en sortirez pas ébahis, mais satisfaits !
Jérémie N.
Note du rédacteur : 3,5/5 (Bon)
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