samedi 15 septembre 2018

Luz, de Tilman Singer


Projet de fin d’études de son réalisateur, Luz navigue de festivals en festivals après avoir été reçu très positivement chez nos amis teutons. Vendu comme l’un des films les plus excitants de l’année, c’est avec une certaine attente de la chose que je m’en vais vérifier ce que la bête a dans le ventre.



On y suivra Luz, le personnage éponyme, une jeune conductrice de taxi qui se trouvera interrogée par la police dans une affaire pour le moins inédite, tant et si bien qu’un psychiatre tentera de la passer sous hypnose pour démêler le vrai du faux. Une force surnaturelle et hostile semble être à l’origine d’un accident, et celle-ci s’immiscera de plus en plus sûrement dans cet interrogatoire.


Habillé par une belle image issue d’un scope maîtrisé et d’un 16mm tout ce qu’il y a de plus granuleux, Tilman Singer (le réa) pose les bases de son savoir-faire en terme de découpage et de direction artistique. Plastiquement, le film est indéniablement une réussite. Le type sait poser ses cadres et créer une atmosphère dans des salles austères éclairées au néon et une simple machine à fumée. Certaines idées de mise en scène appuient cette idée que notre artisan du jour sait mener sa barque, mais il se heurte à un vrai problème : il n’a rien à filmer. La partition est verbeuse et vaine, alambiquée pour rien, ce qui donne lieu à un film interminable et monotone malgré ses 70 minutes. Le scénario ne se prête absolument pas au cinéma, distillant la désagréable impression que Singer n’a absolument rien à se mettre sous la dent. Les problèmes de rythme sont d’autant plus présents qu’ils apparaissent dès le premier plan, bien trop étiré, bien trop léthargique, et qui aura malheureusement pour rôle de donner le ton du reste du film.

Si Singer s’efforce à cadrer des scènes assommantes avec ingéniosité, on se dit que le jour où le sieur aura entre les mains un script consistant, on aura certainement droit à une petite bombe. Toujours est-il qu’ici, on se tape une nana qui, dans une salle affreuse d’un commissariat affreux, imite la conduite d’un taxi, l’interaction avec les autres automobilistes, toute la gestuelle en mode Taxi Driver Simulator. On se tape aussi une conversation à n’y rien comprendre entre le psychiatre et une meuf qui cherchera à lui transmettre la force surnaturelle dont je parlais en amont de ce paragraphe, puis enfin la résolution lorsque l’interrogatoire partira en cacahuètes, sans pour autant vraiment comprendre ce qui se passe à l’écran. Certains finissent à poil, d’autres se prennent/mettent des gnons, des personnages apparaissent et disparaissent pour distordre la réalité, et la bande s’achève comme elle a commencé. On se doute que même en creusant, on ne trouverait que des interprétations bancales d’un texte rédigé par un type qui s’est perdu dans son écrit, vendant du confus parce qu’il ne sait pas s’y retrouver lui-même.

Je cherche encore ce qui a pu pousser les organisateurs de festoches à s’extasier comme ils l’ont fait devant ce film, car Luz, si chiadé soit-il visuellement, est quand même une belle coquille vide, et les échos des festivaliers sont tous plus ou moins négatifs. Il y a tant de films à découvrir, alors pourquoi s’attarder là-dessus ? L’année est-elle si pauvre qu’il n’y a rien de plus solide à nous projeter ? Toujours est-il que je reste curieux de voir ce que le bonhomme nous pondra par la suite, parce qu’il a quelque chose. En tout cas, il a l’œil. À voir si avec un bon script il se découvrira un sens du rythme.





Jérémie N.
Note du rédacteur : 2/5 (Faible)

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