dimanche 16 septembre 2018

May the Devil Take You, de Timo Tjahjanto


Sixième film pour le germano-indonésien Timo Tjahjanto (en comptant son segment dans V/H/S/2), après le très surestimé Headshot reparti avec le grand prix de l’Étrange Festival en 2016. May the Devil Take You (Sebelum Iblis Menjemput pour les intimes) est une énième histoire d’invocation d’entité surnaturelle qui tourne mal, plaçant son action tantôt dans un hôpital, tantôt dans une bicoque en plein milieu de la forêt. même s’il est vrai que des postulats très classiques peuvent donner naissance à des bombes indiscutables (Manhunt, You’re Next, The Descent, Eden Lake…). L’autre partie du spectre est elle aussi vérifiable et possède son lot de merdes indiscutables. May the Devil… en est d’ailleurs un bon représentant.

Un film de possession démono-fantômatique comme on en voit sortir en DTV tous les mois, sans idée de mise en scène, complètement incohérent et terriblement kitsch. Ce genre de film qui croit jouer au petit malin avec des trucs qui ne feraient même plus bondir un enfant de trois ans, du genre :

- Il y a quelque chose sous ton lit, tu regardes en-dessous, tu ne vois rien, et quand tu te relèves, le truc en question est derrière toi.
- Ou encore : Plan fixe de 15 secondes sur le visage d'une femme possédée, qui garde les yeux fermés, puis les ouvre d'un coup d'un seul dans une grande symphonie pour jouer la surprise.

Ce genre de film qu'on sait faisandé dès les 10 premières secondes. Quand bien même ces effets ont été vus des milliers de fois, ils peuvent s’insérer dans une globalité qui instaure une ambiance et une tension des plus hostiles (Insidious premier du nom, qui joue brillamment avec les codes du début à la fin). Ici, on suit la recette à la lettre, sans dépasser aucun dosage édicté, et en ayant l’outrecuidance de penser jouer au petit malin, réinventer la poudre et surprendre le public. Cette condescendance est d’autant plus regrettable que rien ne va, le côté cheap du film ajoutant à l’agacement général et générant à lui seul un festival de face palms. De ces démarches qui desservent le genre bien plus qu’elles ne contribuent à son Histoire.

Ce genre de films base la plus grande partie de son intérêt sur la crainte qu’engendre l’opposant des personnages, ici un démon, qui doit être utilisé avec parcimonie, grâce à des scènes clefs, avec un character design à même de susciter des frissons, de son évocation à sa matérialisation. Les masques Fisher Price n’ont jamais, à ma connaissance, aidés à transcender un film pour créer cet état de nervosité chez le spectateur. Dès lors que l’entité malfaisante est présentée dès les premières minutes et ne provoque que du rire ou du dépit chez le spectateur, il sera difficile de reprendre le gouvernail. Qu’à cela ne tienne, le bateau se perdra sans que le réalisateur ne s’en aperçoive, laissant sur le carreau les dégénérés que nous sommes qui restent jusqu’à la fin de la projection en sachant pertinemment qu’il n’y a rien à attendre qu’un déferlement de nullité. Ce film est une citation constante de James Wan sans en capter l’essence, sans en comprendre les mécanismes, tentant d’en imiter les rouages sans notice et avec du matos rouillé. Y a du Insidious et du Conjuring à la pelle, mais aucun talent pour concrétiser le tout. Cette désinvolture et cette arrogance font de May the Devil Take You un film complètement antipathique qui, même s’il était motivé par de bonnes intentions, passe pour une moquerie d’un cinéma qui nous fait réellement vibrer. Alors oui, que le diable t’emporte, film à la con. Et puisses-tu ne jamais quitter le neuvième cercle des enfers.

 


Jérémie N.
Note du rédacteur : 0,5/5 (Honteux)

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