Premier long-métrage d’Adam Smith, À ceux qui nous ont offensés nous offre de voir, revoir ou découvrir les excellents (pas forcément dans ce film donc suivez les parenthèses pour les voir être bons) Michael Fassbender (Fish Tank, Steve Jobs, Macbeth, A Dangerous Method), Brendan Gleason (28 jours plus tard, Bons baisers de Bruges, Calvary, Au coeur de l'océan), et Sean Harris (The Red Riding Trilogy, 71', Harry Brown).
Présenté comme un véritable électrochoc , traitant de faits de société via le film de genre, À ceux qui nous ont offensés (que j’appellerai le film parce que le titre est super chiant à écrire et qu’ils veulent se la jouer Tu ne tueras point ça me soûle) est-il ce fabuleux brûlot politico-actiono-fassbendo-necessario-brexito qu’on nous vend? Bah non.
La famille Cutler est une famille de voyous, pillant et braconnant pour survivre, tout en s’amusant allègrement de ne jamais se faire attraper. Chad, lassé de cette vie et inquiet de l’effet qu’elle peut avoir sur sa propre famille, doit faire face à un choix : continuer en se soumettant à son père ou libérer sa famille de son joug et trouver une autre voie. La police risque bien vite de l’aider à faire son choix… (TATA TAAAAAAA).
Polar naturaliste, le film tente de nous faire ressentir la difficulté que Chad (Michael Fassbender) a à sortir sa famille de son déterminisme social imposé par le père (Brendan Gleeson). Porteur de thèmes forts, comme la marginalisation, l’impossibilité de la rédemption ou le rapport au père, le scénario s’embourbe malheureusement et beaucoup trop rapidement dans les clichés et le manichéisme facile, cherchant avant tout à créer l’émotion plutôt que de provoquer la réflexion. Chaque personnage ressemble à une caricature, des sortes de notes d’intentions sur pattes : le père est un gourou sur pattes incapable de la moindre remise en question sans qu’on ne comprenne jamais pourquoi, Chad essaie de s’en sortir, puis non, puis en fait si, mais non, mais en fait si, mais en fait non, oh et puis si allez etc… Les flics sont bourrus, cons et ils veulent surtout pas qu'ils s'en sortent les mecs dans les caravanes, puis la femme est là pour faire à manger aux gosses hors-champ et éventuellement dire à Chad que la thug life c'est pas cool sérieux.
Le casting a donc du mal à exister et peine à livrer des performances convaincantes, tombant rapidement dans le cabotinage extrême, voire insupportable. Mention spéciale tout de même à Fassbender, qui parvient à donner un minimum d’épaisseur à son personnage malgré une écriture au stylo-feutre 4,5km d’épaisseur. Le film reste banal, une énième itération sur la difficulté de sortir de la thug life (c'est elle qui t'a choisi gros, tu peux pas test).
Pour autant, Adam Smith (qui n’a aucun lien avec le philosophe et économiste des lumières, je le rappelle, je sais que ça vous intrigue de ouf ça, sacripants), parvient à amener une efficacité et une radicalité via sa mise-en-scène. Les courses-poursuites sont maîtrisées, l’aspect caméra-épaule/documentaire classique mais ici utilisée à la perfection, amenant le rare semblant de réalisme du film et ayant la bonne idée de rester sobre. Reste des points de coupes parfois trop brutaux et rarement justifiés, mais bon, on va lui passer ça.
Si le film n’est pas une bouzasse innommable (comme The Last Face, que j'arrive à nommer seulement parce qu'il faut que le monde sache), il reste particulièrement classique, sans grand intérêt, surfant sur la vague des polars sociaux, déjà dépassés aux UK. Empêchant toute réflexion à cause d’un scénario beaucoup trop prévisible et surtout beaucoup trop vu, il vaut peut-être mieux matter un Harry Brown posay oklm, comme disent les plus jeunes d’entre nous.
Antoine T.
Note du rédacteur : 2,5/5 (Moyen)
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